Soins de santé au Québec : Êtes-vous soigné de la même manière, que vous soyez issu d'une minorité visible ou non?

En tant que médecin de famille d’origine vietnamienne, née en France, ayant immigré au Québec, ce sujet me tient particulièrement à cœur. J’ai des enfants issus de diverses origines, ce qui renforce mon engagement envers l’équité en santé.

Les inégalités raciales dans l’accès aux soins de santé demeurent un enjeu crucial au Québec, reflétant une problématique complexe et multifactorielle qui exige une attention soutenue et des interventions ciblées. Cet article examine les divers aspects de cette inégalité en s’appuyant sur des études et rapports récents, mettant en lumière les défis et les solutions potentielles pour améliorer l’équité en santé au sein de notre société.

Les principales inégalités de santé au Canada

Le rapport du gouvernement canadien sur les principales inégalités de santé met en évidence des données alarmantes sur les disparités en santé parmi les différentes communautés raciales. Les Autochtones, en particulier, font face à des inégalités criantes, avec des taux de suicide et de maladies transmissibles nettement supérieurs à la moyenne nationale.

Les communautés racisées, particulièrement les personnes noires et autochtones mais également sud-asiatiques, rencontrent des obstacles significatifs dans l'accès à des services de santé de qualité. Ces barrières incluent des préjugés inconscients parmi les professionnels de santé, des différences linguistiques, et des expériences de discrimination directe.

Ces communautés sont également plus susceptibles de souffrir de conditions de vie précaires, de chômage et de bas revenus, qui sont des déterminants sociaux de la santé cruciaux. Ces facteurs socio-économiques aggravent les inégalités de santé en limitant l'accès à des soins de qualité et en augmentant le stress et les risques pour la santé mentale.

Les personnes issues de minorités raciales sont souvent confrontées à un traitement différencié qui peut nuire à leur santé physique et mentale. Par exemple, elles peuvent recevoir des diagnostics moins précis ou être moins informées sur leurs options de traitement comparativement aux patients non racisés. Ces inégalités peuvent entraîner des conséquences graves, allant d'une gestion inefficace des maladies chroniques à une mortalité prématurée.

Malheureusement, le Québec n’est pas exempt de ces inégalités de santé. Prenons l’exemple de Joyce Echaquan, une femme autochtone décédée à l’âge de 37 ans, victime de racisme systémique que le premier ministre refuse de reconnaître. Joyce Echaquan serait-elle encore vivante si elle avait été caucasienne et s’était appelée Mélanie Tremblay?

Le racisme comme facteur aggravant des inégalités de santé

Le racisme structurel exacerbe considérablement les inégalités de santé au Québec. Le racisme systémique, enraciné dans les institutions et les pratiques sociales, influence de manière pernicieuse la qualité des soins reçus par les populations racisées. Ce phénomène est observable à travers des exemples concrets comme celui de Joyce Echaquan, une femme autochtone décédée après avoir subi des traitements dégradants dans un hôpital québécois. Ce tragique événement soulève des questions cruciales sur les disparités de traitement basées sur l’ethnicité.

Les taux de mortalité infantile plus élevés, une espérance de vie réduite, et une prévalence accrue de maladies chroniques parmi les communautés racisées sont des indicateurs clairs de ces inégalités. Le racisme ne se manifeste pas seulement par des actes explicites de discrimination, mais aussi par des biais institutionnels qui influencent la distribution des ressources de santé. Par exemple, les quartiers majoritairement habités par des minorités raciales ont souvent moins de cliniques, de médecins et d’autres infrastructures de santé, ce qui limite l’accès à des soins de qualité.

Le cas de Joyce Echaquan n’est qu’un exemple parmi tant d’autres qui illustrent la manière dont le racisme systémique peut avoir des conséquences tragiques sur la santé des individus appartenant à des minorités raciales. Il est crucial de reconnaître et de combattre ces injustices pour améliorer l’équité en santé au Québec.

Les causes des inégalités raciales en santé

Les causes des inégalités raciales en santé sont multiples et interconnectées. Elles incluent les déterminants sociaux de la santé, comme les conditions de vie et de travail précaires, le niveau de revenu, et l'accès à l'éducation. Les communautés racisées sont souvent confrontées à des conditions de vie plus difficiles, ce qui peut affecter leur santé de manière négative. De plus, le stress chronique associé à la discrimination et au racisme systémique peut entraîner des problèmes de santé mentale et physique. Enfin, le manque de représentation et de sensibilité culturelle dans le système de santé contribue également à des soins inadaptés ou insuffisants pour ces populations.

Comment pourrions nous améliorer l’accès aux services de soins de santé pour les minorités visibles au Canada et au Quebec?

Voici quelques pistes de stratégies à adopter :

1. Reconnaissance officielle du racisme systémique : Il est crucial que les autorités, y compris le premier ministre du Québec, reconnaissent l’existence du racisme systémique. Cette reconnaissance est la première étape pour pouvoir le combattre efficacement.

2. Formation et sensibilisation : Mettre en place des programmes de formation pour les professionnels de la santé sur la diversité culturelle, les préjugés inconscients, et les pratiques inclusives. Cela peut aider à réduire les discriminations dans les soins de santé.

3. Amélioration de l’accès aux soins : Augmenter le nombre de cliniques et de professionnels de la santé dans les quartiers majoritairement habités par des minorités racisées. Assurer que ces quartiers aient les mêmes infrastructures et services que les autres.

4. Surveillance et évaluation des pratiques de santé : Mettre en place des mécanismes de surveillance pour évaluer l’équité des soins de santé et identifier les discriminations. Les résultats de ces évaluations devraient être utilisés pour ajuster les politiques et pratiques.

5. Soutien aux initiatives communautaires : Soutenir les initiatives et organisations communautaires qui travaillent directement avec les populations racisées. Ces groupes ont souvent une meilleure compréhension des besoins spécifiques de leur communauté.

6. Politiques de recrutement inclusives : Encourager la diversité dans le recrutement des professionnels de la santé pour refléter la diversité de la population québécoise. Cela peut améliorer la confiance entre les patients et le personnel médical.

7. Programmes de soutien psychologique : Mettre en place des programmes de soutien psychologique spécifiques pour les victimes de racisme et de discrimination. Ces programmes peuvent aider à atténuer les effets négatifs du racisme sur la santé mentale.

8. Réforme des politiques publiques : Les décideurs politiques doivent adopter des lois et des règlements qui favorisent l’équité en matière de santé, en tenant compte des déterminants sociaux de la santé qui affectent les minorités visibles.

En adoptant ces stratégies, il est possible de commencer à réduire les inégalités de santé liées au racisme systémique au Québec.

Conclusion

Les inégalités raciales en santé au Canada et plus particulierement au Québec sont une réalité préoccupante qui appelle à une action concertée. Il est impératif de reconnaître l'impact du racisme systémique et de mettre en place des politiques de santé inclusives et équitables. La formation des professionnels de santé sur la diversité culturelle, l'amélioration de l'accès aux services dans les communautés marginalisées, et la collecte de données désagrégées par race et ethnicité sont des étapes essentielles pour réduire ces inégalités.

À Montréal, certains quartiers se distinguent par une forte concentration de minorités visibles.

  • Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension : Ce secteur est l’un des plus diversifiés de Montréal. On y trouve une forte concentration de personnes originaires de la Grèce, de l’Inde, du Bangladesh et du Pakistan mais egalement des communautés haïtienne, maghrébine, et latino-américaine.Environ 57 % des résidents sont des immigrants .

  • Montréal-Nord : Cet arrondissement est reconnu pour sa diversité ethnoculturelle. Environ 40 % de la population appartient à des groupes de minorités visibles, avec une prédominance de communautés haïtienne et africaine

  • Côte-des-Neiges : Ce quartier est un autre centre de diversité, accueillant des personnes provenant de diverses régions, notamment de l’Asie du Sud-Est, des Caraïbes et d’Afrique

  • Ville Saint-Laurent abrite une forte population immigrante, notamment des communautés arabes, chinoises, et philippines. Environ 50 % des résidents appartiennent à des minorités visibles.

  • La Salle : Situé dans le sud-ouest de Montréal, LaSalle abrite une population diversifiée, avec une importante communauté sud-asiatique ainsi que des résidents d’origine antillaise et africaine. Ce quartier est également l’un des plus populeux de l’île de Montréal.

… et bien d’autres quartiers (Plateau Mont-Royal, Hochelaga-Maisonneuve, Rosemont, etc.). Montréal est une ville diversifiée et riche culturellement.

Les médecins qui travaillent pour notre clinique Allodocteur.ca sont conscients de ces enjeux et s'engagent à soigner les minorités raciales avec une attention particulière. Si vous avez besoin de soins personnalisés et de qualité, vous pouvez prendre rendez-vous directement sur notre site internet.

En travaillant ensemble, nous pouvons aspirer à un système de santé plus juste et plus accessible pour tous.

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Système de soin au Québec : Public vs. Privé, comment s’y retrouver ?